Tout savoir sur la commune
Le Pailly est situé au pied du Cognelot (473 mètres d'altitude au Fort Vercingétorix), à la naissance de la Resaigne (affluent du Salon). Si des outils néolithiques ont été découverts sur les hauteurs dominant le village, notamment des pointes de flèches ramassées au "Cognelot", il faut attendre la période gallo-romaine pour voir des traces probantes d'installation humaine : Le territoire communal est traversé par la grande voie de Langres à Besançon, elle plonge dans la vallée au niveau de la "ferme du Canon" puis chemine au pied du "Mont-Rond" pour filer tout droit sur "Les Archots". Un diverticule s'en détache au "Pré du Moulin" pour se confondre avec la route de Rivières-le-Bois. Des vestiges d'occupation antique parsèment le territoire, des fragments de tuiles caractéristiques sont visibles aux lieux-dits "Maison blanche", "Mont Tarsis", ou encore "Les Parties". La tradition orale signale qu'à l'origine, le village se développait au lieu-dit "Les Gouttes" à proximité de la voie romaine.
Sous l'ancien régime, le village appartient à une enclave du bailliage de Chaumont dans la circonscription langroise. Son existence apparaît tardivement dans les sources. Il faut attendre 1220 pour rencontrer la mention d’un certain Guy, seigneur du Pailly, dans le cartulaire du Chapitre cathédrale de Langres. Ce dernier est à l’origine de donations à l’abbaye de Belmont en 1226 et à la maison hospitalière de Grosse-Sauve en 1227. Aussi laconiques que soient ces sources, elles permettent d’attester que le village est déjà le siège d’une seigneurie.
L'étymologie de "Le Pailly" est incertaine. On lui attribue plusieurs sens : Il pourrait être issu du nom des seigneurs à la tête du village au XIIIe siècle, à moins qu'il ne soit un dérivé du mot "palea" signifiant "tas de paille", "lieu couvert de chaumes" ou encore "mur de terre et de paille hachée". Enfin il est également possible de voir dans ce nom la corruption du mot palus qui signifie "marais, endroit marécageux", ce qui est aussi vraisemblable puisque le village se trouve au pied du "Cognelot".
Cette montagne du "Cognelot" n'a pas manqué de frapper les imaginations. Le diable, appelé Foulletot, y tient ses sabbats et descend dans la plaine tous les 7 ans. En 1598, Clément Rabiet de Chalindrey, et Pierre Clerget de Le Pailly, affirment l'avoir rencontré aux environs de "Grosse-Sauve" ; ils sont finalement accusés de sorcellerie, jugés et étranglés, jetés aux flammes et leurs cendres jetées au vent.
Face au "Cognelot" se dresse le "Mont-Rond" dont le profil mou et arrondi le rapproche de celui du "Grigot" d' Heuilley-Cotton. La tradition populaire raconte que ces deux mamelons ont été formés par la boue détachée des sabots du géant Gargantua de passage dans la région. Celui-ci aurait laissé en outre, comme résidu de sa digestion, un relief en forme de fer à cheval, nommé "Les Fourches" (commune d'Heuilley-le-Cotton). Les anciens s'expliquaient ainsi le double aspect du relief : les buttes argileuses d'une part, et le promontoire fourchu calcaire d'autre part.
Le château
L'histoire du village est indissociable de celle de son château. Il apparaît en 1434 dans la littérature. Paradoxalement, cette première mention concerne sa destruction par les langrois car tombé aux mains des anglais au cours des troubles du règne de Charles VI (1380-1422). A l’origine, il s’agit d’un château de plaine, une forteresse créée pour la défense d'un territoire situé aux confins de la Champagne, aux portes de la Bourgogne, de la Franche-Comté et de la Lorraine. L’assiette générale de ce château médiéval est aujourd'hui conservée : l’implantation des courtines, les trois tours circulaires et le donjon en témoignent.
A la fin du XIVe siècle, les seigneurs du Pailly possèdent encore le village et reconnaissent l’évêque de Langres comme suzerain. Le seigneur du château est à la tête d’un grand domaine foncier regroupant les villages du Pailly, Violot, Palaiseul et le hameau de Caquerey. Les habitants ne connaissent d’autres seigneurs que le propriétaire du château et restent soumis à sa basse, moyenne et haute justice. Ils devaient lui payer un certain nombre de droits en argent ou en nature et exercer gratuitement plusieurs corvées. Ils doivent payer la dîme au chapitre de Saint-Mammès mais elle est versée en réalité au seigneur du lieu suite à un arrangement entre les deux parties. S’ajoutent à cela les impôts royaux.
Jean de Dommarien est seigneur du Pailly de 1491 à 1513. Il occupe alors les fonctions d’ingénieur militaire et est à l’origine d’ouvrages de fortifications à Langres et dans le Bassigny. A sa mort sans héritier, le château passe dans les mains de l’évêque de Langres. Il le vend vers 1530, à Jean de Saulx qui le reconstruit, son fils, Gaspard de Saulx Tavannes (1509-1573), personnage historique de premier plan, le transforme en une demeure de plaisance Renaissance.
Le XVIIe siècle parait avoir été particulièrement troublé pour les habitants du village. En plus d'incendies récurrents, le village fait l'objet de plusieurs pillages et exactions dans les années 1642/1643 par des Croates et des Comtois de la garnison de Gray. Vers 1730, le village compte alors 377 habitants décrits aisés, possédant de bonnes terres à l'exception de celles qui sont sur la "montagne", les prés sont de bonne qualité et les villageois produisent un assez bon vin en quantité raisonnable. La Révolution va affecter durablement le château : Déjà le 8 juillet 1781, un petit groupe entre par effraction dans une salle de la grande tour où il dérobe les titres, papiers, aveux et dénombrements des terres du Pailly, Violot, Palaiseul et Caquerey. Des révolutionnaires venus d’Heuilley-Cotton, menés par un notaire langrois saccagent le château en 1792/1793, il devient alors une étable.
Les Du Breuil de Saint-Germain en deviennent propriétaires à partir de 1821. Ils imposent leur marque au bâtiment par d’importantes campagnes de travaux réalisés dans l’esprit d’une restauration (façade nord de l’aile nord, souches de cheminées, ajout de lucarnes et autres éléments architecturaux probablement pris sur d’autres monuments, transformations intérieures…). Le village est alors durement affecté par l'épidémie de choléra (3 morts le 21 juillet 1849).
Durant la seconde guerre mondiale, les allemands installent la Kommandantur au château où des habitants de Chalindrey se réfugient après le bombardement du dépôt SNCF. Après avoir servi d’école, le bâtiment devient propriété de l’état en 1963. Classé monument historique depuis le 27 juillet 1921, il est considéré comme un très intéressant monument de transition, entre le château forteresse à usage de défense et le château demeure de plaisance, mais toujours symbole de pouvoir.
Vous pouvez aujourd'hui admirer le château et découvrir ses magnifiques jardins en prévoyant votre visite guidée avec les bénévoles de l'Association Renaissance du Château du Pailly.
L'église
C'est en 1607 que le village est doté d’une église sous l’impulsion de l’épouse du Maréchal de Saulx Tavannes, les villageois fréquentant l’église de Chalindrey auparavant. En 1708, l'église de Le Pailly devient curiale. L'édifice actuel, placé sous le patronage de Saint Jean-Baptiste, est composé d'une tour clocher édifiée en 1775 et restaurée en 1898. Le reste de l'église date également du XVIIIe siècle mais a été complètement reconstruit entre 1879 et 1898.
L'école
L'école existe déjà en 1779. Au milieu du XIXe siècle, la commune abrite une école pour les filles dirigée par les soeurs de la Providence.
Texte d'Arnaud VAILLANT
Le Blason
Il se lit :
"d'azur à une cotice d'argent, cotôyée de deux doubles cotices potencées et contre-potencées d'or; accompagnée en chef d'un agneau pascal d'argent couché portant une hampe d'or et un guidon d'argent chargé d'une croisette de gueules; et en pointe, un lion d'or armé, lampassé et couronné de gueules"
explication des termes héraldiques :
* armé , lampassé = aux ongles et à la langue ( quand de couleur différente du corps )
* gueules = couleur rouge
* guidon = sorte de fanion
* potencée et contre potencée = qui se termine par des potences et en alternance
* chef = pièce horizontale , placée en haut du blason
* liées = quand le lien est de couleur différente
explication des symboles :
* le lion d'or , inspiré des armes de cette famille De Saulx de Tavannes
* l'agneau pascal comme attribut de saint Jean Baptiste
* la double cotice potencée et contre potencée pour rappeler la région Champagne.